Présentation
L’exposition a été réalisée par Aviatroglo en partenariat avec les caves de Bailly-Lapierre et le concours du Conseil Général de l’Yonne, du Musée de l’Air et de l’Espace, des sociétés Pneu Laurent, Ted II, les Transports Fromentin et les Fonderies Auxerroises. Du 6 au 14 juin 2009, près de 4000 visiteurs se sont rendus à Bailly, aux environs d’Auxerre, pour découvrir l’exposition réalisée par Aviatroglo dans le cadre prestigieux des Caves Bailly Lapierre. Celle-ci avait pour but de retracer l’histoire du site industriel aéronautique de Cravant de 1939 à 1946 et de plonger le visiteur dans l’ambiance d’une usine souterraine d’aviation !
Un musée offert au public
Pour cette deuxième exposition aux Caves de Bailly, l’association Aviatroglo n’avait pas lésiné sur les moyens : une quarantaine de mannequins en tenue d’époque dont dix pilotes équipés, plus de quarante panneaux pour présenter des photos et des documents, une quinzaine de vitrines présentant divers matériels, maquettes et instruments de bord, le tout enrichi de nombreux vestiges et pièces d’avions provenant de l’usine souterraine de Cravant ou de crashs aériens. Un effort particulier avait été mis sur la mise en situation des mannequins et des objets…
Le visiteur pouvait ainsi découvrir l’histoire du site de Cravant-Palotte au cours de ses trois périodes d’activité :
le projet de production du « LeO 45 » en 1939, la réparation des « Focke-Wulf 190 » sous l’occupation allemande et l’assemblage du NC900 par la SNCAC (Société Nationale de Constructions Aéronautiques du Centre) de 1944 à 1946.
Présentée sur près de 500 m² l’exposition rassemblait de nombreux souvenirs, prêtés par des collectionneurs, trouvés sur le site dans les années 1970 ou confiés à l’association par d’anciens ouvriers ou leurs familles. L’activité de l’usine était évoquée par toutes sortes de matériels et équipements : outillages, servantes d’atelier, panneaux de consignes, tenues de l’armée de l’air et de la Luftwaffe. 18 mois de travail ont été nécessaires pour monter cette exposition. En voici quelques images…
L'inauguration
Après avoir accueilli les invités et présenté les dernières réalisations d’Aviatroglo, le président a remercié les différents partenaires et bénévoles sans qui cette exposition n’aurait pu voir le jour. “Je salue plus particulièrement les entrepreneurs qui malgré un contexte économique peu favorable ont permis à l’association d’atteindre ses objectifs. La partie était loin d’être gagnée, mais tous nous ont réservé un accueil chaleureux et efficace. Ensuite, le président a salué plus particulièrement le travail réalisé par les membres de l’association et bénévoles. “Ce que vous pouvez voir aujourd’hui c’est, avant tout, le fruit d’un travail d’équipe…c’est grâce aux compétences et au savoir-faire de chacun que nous avons pu atteindre cet objectif “.
Monsieur Mottais de la Réserve citoyenne a pris la parole pour rappeler le rôle essentiel que joue Aviatroglo en tant que relais de la mémoire et a encouragé l’association à continuer dans cette voie.
Ouverture en fanfare !
L’ouverture de l’exposition correspondant avec la date anniversaire du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, cette journée fut agrémentée par une animation musicale assurée par l’association « La lyre d’antan » et la participation d’un groupe de reconstitution « section 44 » venu en costume d’époque avec ses propres véhicules. (Jeep, GMC, Dodge).
La visite fut ainsi rythmée au son de « petite fleur de Paris »…. pendant que les MP de la Section 44 » assuraient la circulation des véhicules dans l’enceinte des caves.
La visite, suivez le guide ....
La menace aérienne
Ce premier espace présente la montée de la menace aérienne et comment le gouvernement français, l’armée et l’industrie, vont essayer de s’adapter à cette menace croissante et persistante. Le premier conflit mondial a montré l’importance de conquérir l’espace aérien et fait naître les principales composantes de l’aviation militaire : l’observation, la chasse et le bombardement.
La doctrine de la Lufwaffe
En 1936 la Luftwaffe adopte un réglement de guerre aérienne. Il définit une doctrine d’emploi et insiste sur un certain nombre de points fondamentaux :
La conquête de la maîtrise de l’air, par des attaques coordonnées et répétées contre l’aviation adverse, et préalable à toute offensive au sol.
Pour ce faire, les forces aériennes allemandes sont appelées à détruire l’aviation ennemie dans les airs ou à terre, par la neutralisation des ses aérodromes et le bombardement de ses usines. Une fois acquis la supériorité dans le ciel, la Luftwaffe consacre l’ensemble de ses moyens à l’appui direct et indirect de la Wehrmacht. Le recours au bombardement des villes et de la population civile est présenté comme un recours ultime destiné à répondre à une initiative de la même sorte prise par l’ennemi.
Le plan V
Une véritable relance des commandes aéronautiques est enfin approuvée par les parties civiles et militaires du gouvernement français le 15 mars 1938. Sous le nom de plan V, une commande supplémentaire de 1.200 appareils est à réaliser pour mars 1940 : priorité est donnée à la chasse. Sous ce plan s’inscrit aussi la formation de personnels navigants dont l’effectif au 1er septembre 1938 est de 5589 hommes, avec pour objectif 11034 d’ici avril 1940. L’essentiel est d’assurer la protection du territoire de la métropole et du reste de l’Empire, d’abord en constituant avec le Royaume-Uni un potentiel offensif plus puissant que celui de l’Allemagne et de l’Italie réunies, la France devant à terme égaler la puissance allemande.
A l’échéance prévue, 4739 appareils de guerre, dont certains de types nouveaux comme le MS406 Bloch et Dewoitine 520 notamment, devront être produits, tandis que l’aviation d’assaut fait son apparition avec la famille Breguet 690. La production en série des bombardiers moyens LeO45 et Amiot 350 est par ailleurs aussi prévue.
Le plan V renforçé
Le plan V se fait de plus en plus ambitieux, reflet des crises internationales qui jalonnent les dernières années de paix en Europe. Les crédits commencent à affluer, les surfaces couvertes, les effectifs et les machines-outils connaissent une croissance impressionnante. Pour accélérer le réarmement aérien, la France s’engage aussi dans une politique d’achats aux Etats-Unis. 4426 avions seront commandés entre 1938 et 1940, mais seulement 1173 seront effectivement livrés et moins encore seront engagés au combat.
Le projet centre "V" 1939-1940
Pourquoi un site aéronautique à Cravant ?
Dès le mois de septembre 1936, le ministère de l’Air s’intéresse particulièrement aux trois carrières souterraines de Palotte.
En effet, leur disposition en forme de galeries, sous un manteau calcaire de près de 100 m, et une surface utilisable de 35 000m², en font un emplacement spécialement indiqué pour y installer une usine de guerre, moyennant quelques aménagements intérieurs.
Mais le site de Cravant possède aussi, sur l’autre rive de l’Yonne, une vaste plaine. Les ingénieurs imaginent d’importants travaux : piste d’envol, centrale de montage, hangars, réfectoires, téléphérique et chemin de fer.
Le projet ” Centre V ” rassemble les deux entités pour donner naissance à un grand site industriel aéronautique homogène.
La réquisition du site de Palotte
Dès la mobilisation générale du 2 septembre 1939, les carrières de Palotte sont réquisitionnées par la 3ème subdivision d’Auxerre. A partir du 21 septembre, l’Entrepôt de Réserve Générale de Munitions de Chemilly-sur-Yonne, les occupe en vue d’y stocker des munitions. Le 25 octobre, le ministre de l’Air charge les services de la Direction des Travaux et Installations de procéder à la réalisation d’un centre industriel aéronautique à Cravant.
Le bénéficiaire est la Société de Constructions Aéronautiques de Sud Est (SNCASE). Cette dernière doit occuper le site pour y assembler le “LeO 45”, bombardier moyen moderne dont la France à besoin.
Le diorama
Un diorama au 1/1000ème présentait le projet français de 1939. Il permettait au visiteur d’avoir une vision globale de l’ensemble des installations prévues sur le site. Il a rencontré un grand succès auprès des jeunes publics ! Toutes les installations dans leurs moindres détails étaient reproduites (centrale de montage, hangars, téléphérique, cantine, réseau ferroviaire…).
Un tableau de commandes, reproduisant une planche de bord de LeO 45 permettait à l’aide de diodes lumineuses de situer les différents éléments sur le terrain. Le visiteur pouvait ainsi s’imprégner plus facilement du fonctionnement du Centre V. Il pouvait voir l’usine souterraine de Palotte, en coupe, où devait s’effectuer le montage des tronçons centraux de voilure.
Le centre V construira le bombardier LeO45
Le centre V est choisi pour accueillir la fabrication du LeO45. L’usine souterraine de Palotte effectuera le montage des tronçons centraux de voilure. Ces tronçons traverseront l’Yonne à l’aide du téléphérique. Comme les autres sous-ensembles venant des différentes usines, ils pénétreront directement par chemin de fer dans la centrale blindée.
Ainsi, les vastes salles des carrières de Palotte permettront la fabrication, en toute sécurité, des pièces qui seront ensuite acheminées dans la plaine. Là, les avions seront montés dans les “ateliers protégés”, à l’épreuve des bombes, puis une fois terminés, ceux-ci pourront décoller et procéder aux essais en vol. Le centre aura pour fonction essentielle le montage de tronçons centraux de voilures du LeO45
Ce centre aéronautique, appellé CENTRE V, sera constitué, entre autres, d’une chaine de ” montage final ” en ” atelier protégé “. L’emplacement est fixé en bordure de l’Yonne, sur des terrains situés au nord-ouest de Cravant. Son emprise s’étend sur les communes de Cravant, Vincelottes, Irancy et Bazarnes.
Le plan des installations permet de visualiser le projet :
– sur la rive droite : des ateliers installés dans les carrières souterraines de Palotte
– sur la rive gauche : une centrale de montage, plusieurs hangars de piste, un téléphérique, divers bâtiments accessoires, un raccordement avec la voie ferrée Auxerre-Nevers et une bande d’envol.
Caractéristiques du LeO45
Envergure : 22,50 m et Longueur 17,20 m
Capacité : 1500 kg de bombes en soute
Vitesse : 360 km/h en vitesse de croisière et 495 km/h en vitesse maximale
Armement : un redoutable canon HS-404 (20mm) en tourelle arrière, mais peu adapté au tir d’autodéfense et 2 mitrailleuses MAC-34 (7,5mm) : une mitrailleuse fixe à l’avant et une autre mobile, dessous, dans une cuve rétractable.
Mai - Juin 1940
Tous aux abris !
Dans le cadre de l’exposition couvrant la période avant et après guerre, il était nécessaire d’évoquer “la défense passive”, c’est à dire les dispositions mises en place pour la protection de la population et des points sensibles. L’abri reconstitué évoquait le danger aérien, la protection des populations face à cette nouvelle menace venant du ciel et aussi la nécessité d’enterrer les industries pour les protéger d’éventuels bombardements. Rappel sur les faits : le 5 novembre 1931 des instructions provisoires sur la lutte contre les incendies provoquées par les bombardements aériens sont adressées à tous les maires de France. Vingt jours plus tard, ces maires, ainsi que les chefs des usines implantées sur le territoire français et les commandants des compagnies des sapeurs-pompiers reçoivent une circulaire du ministère de la Défense nationale. Celle-ci a pour but d’élaborer un plan de Défense passive concernant les villes, les usines, les barrages ainsi que tous les points sensibles sur le territoire national. Les prévisions doivent être impérativement remises aux préfets pour le 5 décembre 1931. En 1938, le 11 juillet, un décret de loi est voté pour mettre en place la Défense passive (DP) sur le territoire national
Vers le désastre , Juin 1940
Sous la botte Nazie, 1940 - 1943
AGO s’installe à Cravant, hiver 1943 – 1944
Dans les défenses fortifiées, l’armée allemande utilise souvent une grande diversité d’armes de prise. Celle-ci reçoivent un numéro de référence suivi d’une lettre entre parenthèse, désignant le pays d’origine. Ainsi, la mitrailleuse française Hotchkiss devient dans la nomenclature allemande : 8 mm sMG 257 (f).
Une caisse de munition Hotchkiss, récupérée par un ouvrier en 1944, et la découverte de bandes-chargeurs pour mitrailleuse Saint-Etienne, laissent supposer l’emploi de ces deux modèles de mitrailleuses dans la défense du site de Palotte.
Un poste de transmission de la Luftwaffe
Poste émetteur / récepteur FUG 16 sol-air : Il sert à communiquer avec le FW190 à partir de la base. Il est identique au modèle installé dans l’avion sans commande à distance. Station radio RS20 émetteur / récepteur sol-sol : il sert à communiquer avec le PC, station météo…
Des FW190 en réparation, février – août 1944
L'évènement majeur de l'exposition
L’élément exceptionnel de l’expo était certainement le tronçon de Focke-Wulf 190 reconstitué par Aviatroglo, composé deux pièces maîtresses : la cellule de Focke-Wulfe 190 reconstruite à partir de pièces d’origine dont certaines ont été trouvées dans l’usine de Palotte après la fermeture du site; et le moteur BMW801D du Focke-Wulfe 190 prêté par le Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget (MAE), un magnifique moteur en double étoile de 14 cylindres.
Le moteur BMW 801 ,avec des pièces en coupe
Blason en bois peints réalisés par Aviatroglo (diamètre 80cm)